Il était une fois un petit village paisible dans les montagnes cambodgiennes. Ses habitants vivaient des jours heureux, se nourrissant de pêche et de cueillette. Par une belle journée ensoleillée, un groupe de villageois décidèrent d’aller pêcher dans un lac non loin de chez eux. Une fois sur place, ils commencèrent à dérouler leurs lignes, mais le chef du groupe eut une idée: pour pêcher plus de poissons, vidons le lac ! Bluffés par son ingéniosité, tous les habitants se mirent à écopper, écopper, jusqu’à ce que le lac soit à sec. Les poissons frétillaient sur le sol par centaines, il n’y avait plus qu’à se servir. Les villageois se régalèrent et se remplirent la panse jusqu’à n’en plus plus pouvoir.
Mais la Nature avait assisté au spectacle, et se désolait du sort réservé au lac désormais à sec. Elle en réserva un bien pire pour ceux qui l’avaient trahie: tous ceux qui avaient mangé ce poisson trop facilement pêché furent transformés en éléphants !
La vie reprit son cours au village, et les humains s’habituèrent vite à leurs nouveaux concitoyens éléphants. Ils les utilisaient pour transporter les fruits de leurs récoltes, et porter les charges lourdes. Les éléphants, qui avaient gardé leur faculté de parole, disaient être plutôt contents de leur nouvelle vie.
Un matin qu’un des villageois ordonnait à son éléphant de porter du bois, celui-ci lui dit « Non, pas aujourd’hui, je suis fatigué, je n’ai pas envie. » Le villageois le laissa se reposer une journée. Le lendemain, l’éléphant lui fit la même réponse « Non, je suis encore fatigué, je veux me reposer ». Le villageois accepta. Mais au bout du 3ème refus, il perdit patience et frappa l’éléphant: « Voilà, ça t’apprendra à être paresseux ! ».
Alors, la langue de l’éléphant pivota sur elle-même, renvoyant son extrémité agile au fond de sa gorge. « Ma langue ! Ma langue ! Ma ll… Mmm, mm, mm! » fit l’éléphant. C’est depuis ce jour que les éléphants comprennent l’homme, mais ne peuvent plus lui parler.
C’est à peu près ce que nous a raconté Monsieur Hong autour du dîner, pour expliquer le lien particulier qui relie les Bunongs et les Elephants.
Monsieur Hong, c’était notre guide pour le week-end, et les Bunongs, c’est son peuple. Une minorité qui vit dans le Mondolkiri, une des rares régions montagneuses du Cambodge.
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